Exposition Didier Comès, l'encrage ardennais - Abbaye de Stavelot, reportage Védia
Reportage de la chaîne Védia à propos de la nouvelle exposition temporaire "Didier Comès, l'encrage ardennais", à l'Abbaye de Stavelot
Retranscription de la vidéo
La genèse de cette exposition nous ramène au décès de Comes. En effet il y a près de six ans, ce poète en noir et blanc des Ardennes et d'ailleurs ; amoureux de la nature, qui faisait de la différence une richesse et des petites gens, des "pas comme tout le monde", ses héros favoris, nous quittait, laissant derrière lui un patrimoine artistique inestimable dont ses deux sœurs et son frère, Max, seuls héritiers, vont, dans un premier temps, ne savoir que faire.
[Mac Comès] c'était vraiment "panique à bord" parce que nous tombions, du coup, dans un mode d'artistes qui était absolument inconnu pour nous et, d'autre part, nous n'avions aucune idée de la valeur d'un tel patrimoine. Pour l'héritage cela pose des tas gros problème pour des frais de succession, c'était presque impossible au vu du nombre de planches et au vu de tous le reste. Entre temps nous avons appris que François Schuiten avait légué une partie de son œuvre en France et à la "Fondation Roi Baudouin". ça fait que nous avons pris contact avec lui qui nous a conseillés et nous a surtout parlé de la Fondation Roi Baudoin parce qu'on aurait pu vendre ces planches mais en fait ça nous a jamais traversé l'esprit et, de ce fait, nous avons donc fait une donation complète à la Fondation et j'avoue que nous n'avons jamais regretté.
De son côté, la Fondation Roi Baudouin va désigner le Musée en Piconrue de Bastogne comme dépositaire du fonds Comès. Un fonds qui comprend près de 560 planches originales mais aussi des croquis, des storyboards et documents et objets divers, etc. c'est donc à ce musée que revient la responsabilité de faire vivre et partager l'univers de Didier Comès, d'où cette exposition baptisée "Didier Comès, l'encrage ardennais", avec un "e" comme dans "encre de chine". Cette exposition a donc pris place depuis quelques jours seulement à Stavelot, un événement qui nous offre à découvrir le travail graphique de l'artiste mais aussi les différentes thématiques qui ont animé et traverser l'oeuvre de comes comme : la magie, la spiritualité, l'exclusion, l'anticonformisme, l'antimilitarisme ou encore la nature.
[Sébastien Pierre] Je pense qu'il était vraiment précurseur dans la fin des années 70 - début 80, quand il commence la bande dessinée, ses thématiques de prédilection l'emmènent déjà sur la nature et sur la conservation de la nature. Mais dans une optique la fois spirituelle, philosophique, humaniste également, etc. donc il nous invite vraiment à entretenir un lien de respect et d'équilibre avec la nature et quelque part, ces thématiques, qui ont trente ou quarante ans chez lui, sont toujours d'actualité. C'est vraiment des thématiques qui parlent aux jeunes d'aujourd'hui et qui peuvent vraiment servir de matériau de réflexion pour les écoles notamment pour tout un chacun.
[Max Comès] Ce qui me touche le plus c'est son goût pour la simplicité : il n'aimait pas, il ne se sentait pas bien dans ce monde qui l'entourait, toutes ces modalités c'était pas pour lui. j'aimais bien ce côté un peu rural, un peu "artiste" mais à sa manière.
[Didier Comès] Moi, le fantastique qui me paraît le plus troublant, le plus fort et le plus important, c'est celui du quotidien, c'est celui qui se trouve tout autour de nous et dont nous ne percevons pas toujours les manifestations. De fait, lorsque l'on est un petit peu éveillées, lorsqu'on est réceptif à ce genre de choses, on se rend compte que certaines petites choses, certains moments de notre vie sont imprégnés de quelque chose qui est inexplicable".
[Max Comès] C'est par cet héritage, par le fait que je suis un peu rentré dans son intimité, que je me suis occupé de sa succession, etc. donc je me suis rapproché et j'ai quand même découvert et surtout regretté de ne pas avoir vécu plus à ses cotés.
Pendant plus d'un an l'esprit de Didier Comès va habiter l'abbaye jusqu'à pénétrer ses murs. Un esprit libre et rebelle qui a laissé un immense vide dans le monde de la bande dessinée. Dessinateur inclassable, il nous lègue une œuvre émouvante, criante de vérité et de bon sens, une œuvre singulière qui nous ramène à l'essence même des choses